Rue Mouffetard, la cuisine de l’instant d’Otto
Inspiré des bistrots japonais (izakaya), ce nouveau lieu gourmand du Vème arrondissement de Paris propose à des prix très corrects de belles assiettes à partager conçues par le chef étoilé voisin Eric Trochon. Une jolie adresse à découvrir le midi ou le soir.
Mouffetard – la Mouf’ pour les familiers – est de ces vieux quartiers historiques parisiens qui peuvent mélanger allègrement les gargotes à touristes et les bonnes adresses, même si on constate depuis quelques années une montée en gamme dans le périmètre de ce bout de Quartier Latin. A côté des étoilés du guide rouge (Mavrommatis, Solstice ou Oka), de sympathiques tables réussissent à rencontrer un vrai succès dès lors qu’elle trouvent un juste équilibre entre qualité, prix et accueil. C’est le cas de Otto, à deux pas de la place de la Contrescarpe et du Panthéon, qui a pris la place de l’ancien Casa Pepe, pour les familiers du coin.
Un izakaya à la parisienne
Otto réinterprète le concept de l’izakaya, l’équivalent nippon du bistrot, du pub ou du bar à tapas. La petite salle à la déco minimaliste signée par le cabinet Ich&Kar est largement occupée par l’ilot central de la cuisine autour duquel on peut s’attabler, perché en solo ou côte-à-côte sur des sièges hauts. Quelques tables permettent également de se regrouper. On est serrés, mais c’est un peu le concept et échanger avec ses voisins n’est pas interdit. En salle, le service assuré par le directeur Stéphane Offner (associé dans l’affaire avec Tony Alvarez-Parage) aux belles références, comme le deux étoiles du groupe EvoK au Palais Royal et Solstice, est efficace.
Assiettes à partager
Côté cuisine, le principe est simple : une carte d’une vingtaine d’assiettes à partager (ou pas !) de viandes, de poissons, de légumes, de fromage (de chez Cow) et de desserts. Le midi, Otto propose deux formules à 3 ou 4 assiettes à choisir comme bon nous semble. Rien n’interdit de prendre trois viandes ou… trois desserts, par exemple. Le soir, pas de formule, mais la même carte avec quelques propositions supplémentaires. L’ambiance est aussi plus chaude. Chez Otto les assiettes ne sont pas chiches – comme c’est trop souvent le cas dans les pseudos bars à tapas ! - ce qui permet de goûter le midi huit spécialités différentes pour moins de 50 € à deux (hors boissons). Les petits appétits ou les pressés peuvent aussi se contenter d’une ou deux assiettes. Les gros mangeurs, eux, n’y trouveront cependant leur compte qu’en empilant les assiettes sur la table… et sur la note. Mais on n’est pas ici pour bâfrer.
Une cuisine de l’essentiel
Chez Otto, tout est juste : sauces, cuissons, saveurs, présentations… Rien de trop et pas de chichis. On retrouve la patte du troisième associé, Eric Trochon, un MOF (Meilleur Ouvrier de France) qui officie dans son restaurant gastronomique étoilé Solstice, à deux pas (mais on peut aussi le croiser chez Otto !). Amoureux du Japon et marié à une coréenne, cet ancien de l’école Ferrandi possède toutes les bases des cuisines française et asiatique. Il propose ici une cuisine personnelle, une cuisine de l’instant, de l’essentiel avec des assiettes très lisibles. Du fait minute où le snacking et le barbecue japonais au charbon binchotan règnent en maitre. Avantage : les assiettes arrivent vite ! Les produits, bien sélectionnés et au maximum de saison, sont saisis en surface mais respectés à l’intérieur pour conserver la franchise des goûts et des saveurs.
Shitakés, couteaux, onglet et potimarron
Ce midi-là, nous avons pu apprécier un excellent saumon gravelax à la betterave relevé par une chantilly légère citronnée, de superbes shitakés bien moelleux juste rôtis à l’huile de sésame et une semouline de chou fleur posée sur un crémeux de chou-fleur, avant d’attaquer les couteaux juste snackés au beurre d’ail et persil (très light) et des encornets relevés d’un condiment citron. Deux assiettes - comme le poulet yakitori, l’onglet de bœuf sauce chimichuri ou la brochette de cœur de canard dégustés ensuite - qui soulignent une belle maîtrise des cuissons. Le potimarron rôti au miel était impeccable comme le semblait être la broche de cochon avec harissa, roquette et fromage frais de nos voisins… qui n’ont pas détesté non plus le fish no chips, sans frites donc et accompagné d’une sauce au curry noir. Les desserts sont du même acabit, très français cette fois : gâteau chocolat, riz au lait et crème brûlée.
Ceux qui veulent accompagner leur repas de vin ont le choix : la cave est riche de plus de 250 références !
Le midi : formules 3 ou 4 assiettes pour 19 et 24 €. Le soir à la carte, assiettes de 7 à 15 €.
5 rue Mouffetard, 75005 Paris. Attention, pas de réservation (sauf privatisation via @ottommouffetard)
Regards croisés Santé
- On apprécie les nombreuses propositions végétales et les cuissons rapides, qui respectent l’intégrité, le goût et les qualités nutritionnelles des produits.
- On valide une cuisine peu salée mais exhaussée par des sauces et des condiments très francs.